Introduction par Claude Bensimon, architecte, co-fondateur de l’A.E.P.
J’ai commencé par lire un certain nombre de publications françaises sur l’Education Nouvelle, la pédagogie Freinet, Decroly, Montessori, Cousinet, le mi-temps éducatif et sportif....
En 1968, j’ai choisi pour sujet de mon diplôme d’architecte la réalisation d’un établissement scolaire du premier cycle du second degré, à pédagogie dite moderne, à vocation mixte (générale et professionnelle), avec des activités sportives et culturelles intégrées, ainsi que des activités communautaires de formation continue et de loisirs. Je suis parti à la recherche du programme de construction d’un tel établissement au sein du Département de la Recherche de l’Institut Pédagogique National à Paris.
... Mais aucun des chercheurs n’était en mesure de me fournir un programme d’établissement scolaire complet correspondant à mes attentes. Je me suis rendu compte également qu’il n’y avait pas du tout de liaison entre le langage des éducateurs et le langage des architectes.
C’est le responsable du Service de Documentation de la Recherche, Jean Hassenforder, rencontré à cette occasion, qui m’a guidé vers la lecture de publications anglaises, américaines, suédoises, relatant des expériences pédagogiques novatrices comme l’enseignement en équipes d’enseignants, le travail individuel indépendant, le développement de la lecture et de la documentation.
A partir de mes lectures, je me suis retrouvé dans la peau de quelqu’un qui allait fabriquer le programme d’un établissement d’enseignement, et qui allait devoir être forcément un intermédiaire entre les pédagogues et les architectes. La méthode de programmation architecturale a commencé à naître peu à peu pour moi, à partir du travail que je faisais.
Ceci se passait au moment du bouillonnement de l’année 1968. J’ai rencontré de nombreuses personnes pour affiner mon projet : directrices d’écoles novatrices ( Mion Vallotton, de l’école Decroly à Saint Mandé, Mademoiselle Jasson, de l’école La Source à Meudon, la directrice de l’école de Vanves qui avait instauré le mi-temps sportif),et quelques autres enseignantes, directeurs et directrices d’écoles d’avant-garde
C’est Claude Collard, qui était ingénieur en bâtiment, et assistant technique de mon atelier d’architecture à l’école des Beaux Arts, qui m’a suggéré d’aller voir du côté de Quiberon, dans le Morbihan, où le tourisme, la navigation de plaisance, le déclin de la pêche traditionnelle à la sardine, et le développement pressenti d’activités halieutiques, pouvaient donner naissance à un projet composite correspondant à mon souhait.
En septembre 1968, j’ai mis au point, aidé par les personnes ressources citées ci-dessus, un document intitulé « Une école-outil - Un collège communautaire pour la presqu’île de Quiberon ». Il comportait une étude sur les conditions socio-économiques, éducatives, sportives et culturelles de la région, et proposait un programme d’établissement d’enseignement secondaire de premier cycle, associé à :
L’établissement pouvait rester ouvert toute l’année, les personnels chargés de le faire fonctionner pouvant être différent selon les périodes.
Entre pédagogues novateurs plus ou moins isolés précédemment, et architectes qui les sollicitaient pour définir des lieux et des moyens susceptibles de faciliter leur pratique pédagogique, les échanges furent riches.
De qui émergea l’idée qu’une telle réunion de compétence méritait de servir à d’autres projets que celui qui nous occupait ? Il est difficile d’être affirmatif là dessus. Ce qui est sûr, c’est que c’est dans un bureau de la section documentaire du Service de la Recherche Pédagogique, section dont Jean Hassenforder était responsable, que se tinrent les premières réunions ; Edith Aujame ,parent d’élève à La Source, architecte ,militante de la pédagogie active, dont les enfants avaient toujours fréquenté les écoles nouvelles y fut déléguée par la directrice de l’école de La Source. Elle sera la présidente de l’Association pour l’Environnement Pédagogique (A.E.P.), créée en décembre 1969 (liste des fondateurs en bas du texte) i. L’objet de l’Association a été défini ainsi : promouvoir des bâtiments et des équipements adaptés à la pédagogie différenciée et aux pratiques sociales et culturelles rénovées, de développer la recherche, l’expérimentation et la diffusion des connaissances dans de domaine, dans tout pays ou région qui en manifeste le désir .
Grâce aux participants engagés dans « l’Education nouvelle » l’AEP a immédiatement bénéficié des apports de :
A ce moment là, cela faisait près d’un siècle que la salle de classe était l’élément de base de la construction scolaire. Elle répondait à des besoins limités :
Pourtant, depuis des dizaines d’années, des enseignants se heurtaient aux limitations que ce type d’espace apportait aux activités qu’ils souhaitaient introduire dans leur pratique : ateliers d’activités artistiques et manuelles, documentation, imprimerie etc..Ces activités se traduisaient dans la pratique par une autre organisation pédagogique :
les espaces devaient se diversifier en taille mais aussi en caractéristiques qualitatives et en équipement : bibliothèques, ateliers divers, salles de musique, espace d’expression corporelle, espaces de jeux intérieurs et extérieurs, etc.,
les enseignants aussi étaient amenés à diversifier leurs activités et ils avaient désormais, eux aussi, besoin d’espaces adaptés.
A l’A.E.P. nos analyses de bâtiments existants nous avaient montré que dans les établissements courants, les circulations par exemple représentaient 30% environ des surfaces, et elles étaient utilisées moins d’une heure par jour. Dans certains pays comme la Grande Bretagne, elles n’occupaient que 7 à 10% de la surface.
Ces observations, et quelques autres (comme l’étude des coûts de construction en France et à l’étranger) nous ont fait prendre le parti de proposer des améliorations aux bâtiments en chassant d’abord le gaspillage, c’est à dire en utilisant mieux les moyens disponibles. Dans certains cas il était possible d’ajouter un quart de la surface en prestations nouvelles demandées par les enseignants et l’on pouvait malgré tout réaliser une économie de 5 à 10% sur la surface, et donc sur le prix de la construction, économie qui permettait un transfert de moyen vers la programmation, l’équipement, le mobilier, voire même vers la formation des enseignants.
La chasse aux gaspillages, le caractère polyvalent de certains espaces, les dispositions des activités les unes par rapport aux autres, ne pouvaient, selon nous, être déterminées qu’avec la participation active des utilisateurs. C’est pourquoi nous avons proposé d’introduire dans la démarche de conception des établissements, la programmation architecturale avec la participation des usagers et de l’architecte. Elle consistait à définir, en équipe, le programme de construction constitué des objectifs visés par les utilisateurs, la description de leurs activité, la liste des espaces nécessaires avec leurs caractéristiques physiques et les relations entre eux. Ce programme devait permettre à l’architecte de concevoir le bâtiment.
La programmation n’échappait pas pour autant au principe de réalité et les limites financières étaient établies par les "argentiers-financeurs". Mais l’ajout de cette démarche présentait l’avantage, à prix égal, de permettre la hiérarchisation des besoins, la rationalisation des choix, l’adoption de solutions architecturales qui ménageaient l’avenir soit en facilitant des transformations ou des extensions ultérieures, soit en permettant la réalisation d’un établissement par tranches étalées dans le temps.
Nous postulions qu’à un certain degré de cohérence entre le fonctionnement et l’adaptation de l’espace, des formules paraissant plus ambitieuses étaient réalisables avec des budgets normaux et dans de bonnes conditions de préparation, d’équipement, d’ameublement.
En 1969, après un séjour de quelques mois aux Etats-Unis, où Edith Aujame a visité plusieurs établissements scolaires novateurs, (en prenant de nombreuses diapos), pris des contacts avec E.F.L. (Educational Facilities Laboratories) – fondation éditant livres (*) et films (*) sur l’innovation dans les bâtiments scolaires – le fonds documentaire de l’A.E.P. se constitue. Au fil des années, il sera augmenté, des informations recueillies par différents membres de l’association au cours de voyages en Angleterre, au Danemark, et, un peu plus tard des publications (*), montages diapos (*) de l’association concernant ses propres réalisations. Ce fonds sera le support de rencontres d’information auprès de groupes d’élus, d’enseignants, de parents, de décideurs à différents niveaux, pour la définition et la conception de leurs équipements scolaires ou socio-éducatifs, avec la participation des utilisateurs. Il sera aussi fréquemment utilisé pour la formation des équipes d’enseignants ou animateurs, à l’utilisation de nouveaux espaces.
En 1970, l’A.E.P. se voit confier par le Ministère de l’Education Nationale, l’élaboration du Projet Pédagogique et du Programme architectural d’un C.E.S., Collège d’Enseignement technique, M.J.C., C.F.A., bibliothèque, et centre sportif, à Quiberon (Morbihan) (**).
Au fil de presqu’un quart de siècle, en Ile de France, ensuite plus largement en Bretagne, seront réalisés :
La programmation de :
De nombreuses actions d’information, de formation, prendront place ; à citer :
Formation du personnel de restaurant scolaire, lors de la mutation des cantines (en partenariat avec le C.N.F.P.C.T. Centre de Formation des Personnels des Collectivités Territoriales.).
Relais d’information pour la transformation des cours d’école (en partenariat avec la Fondation de France)
1974 – Une étude, à la demande des affaires culturelles, auprès de lycées, collèges, écoles, concernant l’innovation pédagogique et le bâtiment scolaire.
Une réalisation exemplaire
1976 – A Saint-Brieuc, la programmation de l’école maternelle et élémentaire de l’Etablette avec les futurs enseignants ; la réalisation du projet architectural par Edith Aujame et Claude Bensimon.
Françoise Hélard, psycho-pédagogue, chargée du suivi du projet
Le programme architectural, réalisé avec la participation des usagers et des architectes a permis de définir, en équipe, le programme de construction avec la description des activités, la liste des espaces nécessaires avec leurs caractéristiques physiques et les relations entre eux.
Le processus global de conception et de réalisation du groupe scolaire avec la participation la plus large des usagers, en respectant l’enveloppe financière globale prévue, a offert, en outre, la possibilité de réutiliser les espaces, partiellement ou totalement, pour d’autres activités, en cas de nouvelle affectation pour raisons démographiques, ou répondre aux préoccupations de la Ville de Saint-Brieuc pour l’école à construire dans un quartier neuf.
La Ville acceptait d’effectuer un transfert de dépense de la construction vers
-* La préparation des enseignants au travail dans de nouvelles conditions humaines et matérielles, par une information, des stages et des voyages.
La démarche nécessitait que les futurs enseignants soient connus à l’avance. L’Inspection d’Académie, en total accord avec la démarche, a lancé en septembre 1976 un appel d’offres aux enseignants volontaires pour travailler dans de nouvelles conditions, et treize enseignants d’école maternelle et primaire ont choisi en octobre 1976 de faire partie de l’équipe du futur groupe scolaire.
Dans les années 90 lorsque ce recrutement sur la base du volontariat cessera, que le travail en équipe se rétractera, alors l’école commencera à péricliter .
L’école a vu le jour progressivement en 1977 et 1978. Douze des treize enseignants d’origine ont enseigné dans cette école. Elle a fonctionné jusqu’en 1999, date à laquelle elle a été partiellement désaffectée pour des raisons d’évolution démographique du quartier. L’école maternelle est toujours en fonction (rentrée 2009). Les locaux de l’école primaire ont été temporairement utilisés par un groupe théâtral qui, de plus, a collaboré pendant ce temps là avec les élèves et les enseignants de l’école.
Actuellement une crèche et un centre de loisirs y ont été installés.
1983 – Création d’une antenne autonome : l’association A.E.P. – Bretagne ii dont Françoise Hélard a été la déléguée régionale. Le siège social de l’association est ssitué au C.D.D.P. des Côtes d’Armor, 30, rue Brizeux, à Saint-Brieuc (22000)
A la demande du Conseil Régional de Bretagne :
1986 – Enquête sur l’hébergement dans les lycées.
1989 – Enquête sur la restauration dans les lycées.
1991 – Dans le cadre de la Coopération décentralisée Gabès (Tunisie) – Côtes d’Armor :
Programmation des locaux spécifiques de l’école expérimentale de Chenini – Gabès.
L’A.E.P. a cessé ses activités en 1993, la plus grande partie de ses documents ont été déposés au C.E.R.H.E., dans les locaux du C.D.D.P. des Côtes d’Armor, 30 rue Brizeux à Saint-Brieuc.
(*) Documents visibles ou téléchargeables sur le site
(**) Publications en consultation au C.E.R.H.E.
i - Parmi les fondateurs de l’A.E.P. : Edith Aujame, Claude Bensimon, Henri Bonneville, coordonateur des établissements de la Villeneuve de Grenoble-Echirolles, Jean Hassenforder, Ruth et Bernard Kohn, Suzanne Saisse, Nancy Magaud.
ii - A l’A.E.P. Bretagne : Joseph Morfoisse, Responsable de la Formation continue à l’Académie de Rennes, Bernard Brézillon, chef d’établissement, Maryse Paraire, enseignante, Hubert Coatleven, directeur du C.D.D.P., Françoise Hélard, psycho-pédagogue, Suzanne Trameleuc, enseignante, Jean-Paul Quiguer, biologiste et formateur, Pierre Talou, architecte,
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